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Pierres vivantes

  • Une nouvelle publication...en attendant la prochaine reprise de ce blog !

     

    Trois ans de rédaction, mais des années de travail préliminaire. Le nouvel opus est désormais paru. 

    Libéré de cette tâche, je reprendrai prochainement ce blog, que vous n'avez jamais cessé de consulter, et ce pour répondre à la demande de nombre d'entre vous !

     

    A bientôt.

     

    Pour en savoir davantage sur le livre, cliquer ici.

     

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  • Histoire d'Anciens et de Modernes ...

     

    Le dernier numéro de R.T., consacré à la thématique des "Antients et des Moderns", contient notamment un article que j'ai rédigé sous ce titre :

     

    La "Tradition des Anciens" : un mythe historiographique français

     

    Un essai de déconstruction des légendes urbaines qui trainent encore dans certains milieux maçonniques français...

     

     

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    Pour vous donner envie de le lire - et de commander le numéro voire de vous abonner à R.T. ! - en voici la conclusion :

     

    A la lumière de ce que l'on vient de voir, une réalité toute simple apparaît : ce qui séparait les Anciens et les Modernes, en Angleterre, sur le plan strictement maçonnique et rituel, tenait à très peu de chose, et cette différence est allée en s'amenuisant très vite, au point qu'il fut très facile d'aplanir définitivement les obstacles qui les séparaient encore à la fin du XVIIIe siècle.

    Il est probable que l'affaire de la loi sur les sociétés illégales (Unlawful Societies Act), en 1799, qui conduisit les deux Grands Maîtres des deux Grandes Loges « rivales » à effectuer une démarche commune auprès des autorités pour exempter toute la franc-maçonnerie des rigueurs de la loi, marqua une étape importante dans le rapprochement – quoique n'ayant pas procédé de l'initiative des Grandes Loges elles-mêmes ! Il faut aussi, sans doute, tenir compte de l'effacement de la génération des fondateurs, lourdement impliquée dans la période la plus violente du conflit, dont Lawrence Dermott lui-même, qui mourut en 1791.

    Toujours est-il que la voie vers l'union était pavée depuis longtemps par de multiples croisements des pratiques des uns et des autres, comme nous l'avons vu. Lorsque la Grande Loge des Modernes, en 1809, convoqua une Loge de Promulgation, pour rétablir les « vrais Landmarks », elle se contenta d'adopter « l'ordre ancien des mots » – c'est-à-dire, pour le dire plus justement, l'ordre des mots tel que pratiqué par les Anciens à cette époque –, d'affirmer la nécessité des Diacres et de reconnaître que l'Installation secrète du Maître de Loge était une cérémonie essentielle.

    Deux ans après la fin des travaux de la Loge de Promulgation, qui durèrent jusqu'en 1811, soit en 1813, la Loge de Réconciliation n'avait plus qu'à consacrer une Union déjà largement réalisée sur le terrain depuis longtemps.

    Une parenthèse de plus de soixante ans s’était refermée. Pour les maçons anglais, il n’y avait ni vainqueur ni vaincu dans une union où peu de distance intellectuelle séparait réellement les protagonistes. Ni la tradition des Modernes, ni celle des « Antients » n’était perdue. Elles n’avaient été, en fin de compte, que deux façons de mettre en scène un contenu maçonnique, philosophique et moral globalement identique, quoique diversement partagé, sur fond de distance sociale, de querelles personnelles et de particularités locales : la nouvelle Grande Loge Unie allait à l’avenir en assumer indistinctement l’héritage. Voilà pourquoi, notons-le au passage, bien qu’elle ait en 1813 adopté pour toutes ses loges certains des usages considérés comme les plus fondamentaux par les Anciens, elle peut sans difficulté célébrer en 2017 son tricentenaire car elle est, au même titre, l’héritière indivise de la Grande Loge des Modernes. Le besoin d’unité qu’éprouvait la Grande Bretagne au début du XIXe siècle, à la fois pour résister à la France de Napoléon et aux germes de révolution venus du Continent mais aussi pour se préparer à son destin impérial dans le monde entier, avait eu finalement raison de ces conflits subalternes dont la dimension purement maçonnique avait toujours été très modeste.

     

    Une histoire française

     

    Tout pourrait s’arrêter ici. Pourtant, il n’en est rien : il faut évoquer une « suite française ». Nous entrons à présent dans la confusion documentaire et le mythe historiographique …

    Il faut d'abord rappeler que la tradition des Anciens – entendons : les usages maçonniques propres aux Anciens –, n'a jamais pénétré en France pendant tout le XVIIIe siècle. La seule tradition maçonnique connue en France à cette époque fut celle transmise, dans des conditions encore en partie obscures, vers 1725, par des émigrés jacobites, anglais, écossais et irlandais. Peu de temps après, des loges et des maçons parisiens reconnurent d'ailleurs l'autorité de la Grande Loge de Londres – d'obédience hanovrienne.

    A partie de ces faits, deux mythes historiographiques se sont constitués en France au cours du XXe siècle essentiellement : le premier affirme une opposition maçonniquement substantielle entre les usages, les principes et les rituels des loges jacobites et ceux des loges hanovriennes1, à Paris notamment ; le second rapproche les écossais jacobites qui figuraient dans les rangs des premiers francs-maçons en France, avec les grades « écossais » qui firent leur apparition à l'orée des années 1730.

    Ces deux mythes historiographiques – car il s'agit bien de cela – ont fini par plus ou moins se confondre. Dès le XIXe siècle une historiographe aventureuse voyait déjà dans le personnage emblématique de Ramsay – à la fois écossais et jacobite ! – l'incarnation de cette synthèse, et n'hésitait pas à la créditer de l'invention des premiers hauts grades ! On sait que cette thèse a fait long feu depuis longtemps et ne repose sur rien, sinon sur des confusions et une profonde ignorance de la documentation disponible.

    Rappelons ici simplement deux points:

    • en premier lieu, il n'existe aucun élément documentaire qui permette de soutenir si peu que ce soit que le rituel pratiqué à Paris, dans les années 1725-1735, dans les loges dites « jacobites », ait différé en quoi que ce soit de celui pratiqué dans les autres loges dites « hanovriennes ».

    La seule différence mentionnée dans la « loge du Grand Maître » – à l’époque le comte de Derwentwater –, en 1737, est l'usage de l’épée que certains assimilent alors à un ordre de chevalerie et jugent déplacé. Notons ici, pour en sourire, que ce reproche fut aussi formulé, en 1764, par Dermott, à l'encontre...des Modernes ! Pour le dire en peu de mots, cet usage ne suffit certainement pas à établir une distinction fondamentale entre des rituels qui en réalité ne différaient pas, et la présence de l'épée en loge deviendra simplement une des caractéristiques de la maçonnerie française dans son ensemble – alors qu'elle restera proscrite aussi bien chez les Modernes que chez les Anciens pendant tout le XVIIIe siècle, et jusqu'à nos jours au sein de la Grande Loge Unie d'Angleterre...

    • en second lieu, les grades « écossais » sont une question complexe qu'il n'est pas question d'aborder ici. Toutefois des travaux des années récentes, sur lesquels nous reviendrons dans T., permettront sans doute à l'avenir de jeter un regard neuf, plus précis et plus juste, sur la genèse de ces grades. Il n'en demeure pas moins que leurs premiers témoignages se situent en Angleterre, à Londres et Bath, entre 1733 et 1735 (avec les « Scot Masters »), puis à Berlin et en France aussi bien qu'en Irlande, mais certainement pas en Écosse à cette époque.

    Dans le cadre de cet article, c'est cependant à la question des Anciens et de leur « tradition » que je veux revenir pour finir. Le rituel des Anciens n'a été connu dans notre pays qu'à partir de 1804 et n'a jamais exercé la moindre influence en France pendant tout le XVIIIe siècle. Lorsque des Français, venus d'Amérique, y apportèrent les 33 grades de ce qui se nommerait bientôt le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), ils voulurent pour leurs grades bleus un rituel qui fût distinct de celui des loges françaises classiques, à savoir le Rite des Modernes, devenu en France, au début du XIXe , le Rite Français, sous l'égide du Grand Orient de France.

    Comme ces pionniers du REAA avaient surtout connu la maçonnerie des États-Unis où, pour diverses raisons, la Grande Loge des Anciens avait davantage prospéré, au temps des Colonies anglaises d'Amérique, que celle des Modernes, il se trouve que leur Rite familier, si l'on peut ainsi s'exprimer, était le Rite des Anciens. Ils compilèrent une sorte de compromis en prenant pour base The Three Distinct Knocks et en lui adjoignant certains usages connus en France par les loges que l'on qualifiait, depuis le dernier tiers du XVIIIe siècle, de « loges écossaises ». Le Guide des Maçons Écossais (c.1804) est le prototype de cette improbable synthèse.

    Ces loges écossaises du XVIIIe siècle, dans les grades bleus, pratiquaient des rituels qui nous sont parfaitement connus et respectent tous les fondamentaux du Rite des Modernes. La seule différence tenait au fait que les chandeliers placés autour du tableau, dans une loge Moderne-Française, se situaient au Nord-Ouest, au Sud-Est et au Nord-Est, représentant respectivement le Soleil, la Lune et le Maître de Loge, tandis que que dans les loges «écossaises», ils étaient placés au Nord-Ouest, au Sud-Ouest et au Sud-Est, figurant la Beauté, la Force et la Sagesse. On aurait pu parler à leur propos, de « Rite Écossais Moderne » : le Rite Écossais Rectifié en est un parfait exemple.

    Le REAA a donc créé un nouveau type de loge pour les trois premiers grades – un modèle alors totalement inconnu en dehors de la France – combinant le plan général des Anciens et la disposition des chandeliers du Rite Écossais Français.

    De cette innovation est provenu un troisième mythe historiographique qui a surtout prospéré dans les décennies récentes. Il essentialise, pour dire les choses simplement, la « tradition des Anciens», conférant aux loges anglaises qui réclamaient ce titre dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, tous les caractères que revendiquaient pour elles Dermott dans ses pamphlets, et admettant sans aucun examen critique les histoires les plus invraisemblables qu'il a martelées au sujet des Modernes et de leurs innovations.

    Pour ce citer qu'un exemple de ces confusions et de ces constructions imaginaires, je veux reproduire quelques passages d'une histoire du REAA, curieusement intitulée « Les désillusions des trois royaumes », publiée en 2013 dans l'ouvrage collectif La franc-maçonnerie – Dictionnaire et histoire, sous la direction de Jean-Luc Maxence.

    On peut notamment y lire ces propos assez caractéristiques :

    « On entend parfois dire2 que la franc-maçonnerie moderne date de la création de la Grande d'Angleterre. Rien n'est plus faux. Quand on parle des « Moderns » il s'agit de cette nouvelle franc-maçonnerie créée en Angleterre en 1717 face à celle des « Ancients » d'York par exemple, lesquels ne tarderont pas à s'opposer à la nouvelle création. En France, il existe bien une franc-maçonnerie écossaise apportée par les jacobites en 1688. » (p. 104)

    On peine déjà à compter le nombre d'absurdités et d'affirmations non documentées ou erronées que renferment ces quelques lignes, comme on peut s'en rendre facilement compte en reprenant les données exposées plus haut dans le présent article. Mais il faut poursuivre. Plus loin, s'agissant du travail d'Anderson, lors de la rédaction des Constitutions :

    « Le texte andersonien fait peu de cas de la construction du Temple et de la parole perdue, de la Légende d'Hiram » (p. 111)

    Et pour cause : en 1723, le grade de Maître n'existait pas et la légende d'Hiram n'était pas encore connue – ou bien notre auteur dispose d'un « scoop » extraordinaire que nous nous ferons un devoir de publier ! On peine ici à refréner un sourire...

    Plus loin encore :

    « Deux concepts maçonniques allaient s’opposer. Les « Moderns » rassemblement convivial des spéculatifs bourgeois ou nobles, et les « Ancients », rassemblés autour de la loge d'York, qui contestaient les innovations introduites dans la pratique de la maçonnerie par Anderson et Désaguliers. » (p. 111)

    Il faut ici renoncer à lire plus avant de telles inepties, et je m'excuse auprès de mes lecteurs de les leur infliger, mais elles témoignent d'un courant d'opinion – qui se prétend historien ! – visant à établir l’existence d'une « double tradition » de la maçonnerie spéculative : celle des Modernes, destructeurs des usages et des secrets ancestraux du Métier; celle des Anciens, rigoureux préservateurs des pratiques régulières et bien sûr opératives...dont les maçons jacobites écossais et les grades écossais qui en dérivent (!) seraient, de nos jours encore, les derniers réceptacles traditionnels.

    On voit que ces mythes historiographiques nous éloignent considérablement de l’histoire documentée et de ses méthodes pour nous entraîner non seulement dans l'illusion pure, mais surtout dans la politique maçonnique.

    C'est sur ce seuil que je m'arrêterai, pour proposer quelques considérations finales.

    Jusque vers le milieu du XVIIIe siècle, l'histoire de la maçonnerie, essentiellement cantonnée en France et dans les Iles britanniques, y a connu une sorte de développement qui impose à tout chercheur de ne jamais séparer les deux pays dès lors qu'on s'intéresse, pour cette période, à la franc-maçonnerie. Après 1751, la fracture introduite introduite dans le paysage maçonnique anglais par la division entre deux Grandes Loges rivales – avec une concurrence surtout sensible vers la fin des années 1750, quand la Grande Loge des Anciens a connu son véritable essor –, et par ailleurs les conflits politiques européens qui ont gravement opposé l'Angleterre à la France, ont peu à peu conduit, sur les deux rives de la Manche, à des évolutions distinctes et même divergentes.

    La question des Anciens, de leurs origines, des circonstances de leur apparition, de la nature exacte de leur action, en est une bonne illustration. Au prisme déformant des réalités maçonniques de la France contemporaine – disons depuis une cinquantaine d'années –, le risque est grand, face à une histoire complexe et méconnue, et à partir d'un dossier mal maîtrisé, de construire des théories fragiles et peu susceptibles de rendre compte de façon satisfaisante de la matérialité des faits. Telle n'est d'ailleurs pas leur propos : elles visent surtout à renforcer des convictions actuelles en essayant de leur donner une apparence de fondement historique – mais en réalité elle produisent le plus souvent des fantasmes.

    Entre l'histoire et la légende, depuis plus de trois siècles, la franc-maçonnerie n'en finit pas d'hésiter...

     

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    1 Pour autant que ce terme ait pu avoir le moindre sens en France...

    2 On notera la rigueur documentaire de cette référence...

     

  • Franc-Jardinier à Londres !

    Un weekend à Londres m’a contraint à quitter la table de travail où j’écris deux livres qui doivent sortir d’ici à la fin de l’année (Le roman vrai de la franc-maconnerie – les 30 jours qui ont fait la maçonnerie sur les deux rives de la Manche, et Nouvelle histoire des francs-maçons en France – un troisième est déjà terminé et sera publié dans quelques semaines (Histoire illustrée du Rite Ecossais Rectifié) –, une activité intense qui explique d’ailleurs mon silence sur ce blog depuis quelques mois. Il cessera quand tout sera écrit !

    Toujours est-il que je me suis rendu à Londres pour être reçu dans la Loge Hanging Gardens of Babylon # 13, appartenant à The Order of Free Gardeners in England.

    Me voici donc Franc-Jardinier…

    Le lieu n’est pas de retracer ici l’histoire, les sources et les destins contrariés de cet Ordre « paramaçonnique », que l’on croyait disparu et qui, miraculeusement conservé en Australie, a repris force et vigueur en Ecosse il y a quelques années, puis désormais en Angleterre – et qui sait, un jour peut-être, en France…

    Je veux simplement saisir cette occasion pour réfléchir un peu sur ces « franc-maçonneries parallèles », les Friendly Societies qui sont souvent cheminé de conserve avec la franc-maçonnerie elle-même mais ont connu un destin différent.

    Une myriade de Fraternités

    Le phénomène des Friendly Societies a été remarquablement étudié pour les lecteurs français par mon ami Jean-Pierre Bacot dans son livre Les sociétés fraternelles, Dervy, 2007, auquel je renvoie naturellement.

    Des Foresters au Druids en passant par les Buffalows et les Odd-Fellows, ces sociétés dont l’heure de gloire a été le XIXe siècle combinaient deux aspects majeurs : une préoccupation fondamentale d’entraide mutuelle et de bienfaisance active et concrète, et une organisation hiérarchique dans un cadre symbolique et rituel, avec des loges, des grades, des décors. Un cocktail improbable aux yeux des Français…

    Les Free Gardeners sont un peu à part. En tant que Friendly Society, ils ont fini par disparaitre, victimes du welfare state et des entreprises modernes de solidarité et d’assurance. Mais leur redécouverte imprévue permet de faire surgir une autre dimension oubliée ; une dimension purement symbolique et rituelle, mais aussi morale et spirituelle, en un mot : initiatique.

     

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    Tablier de Free gardener

     

    C’est ainsi que se présentent les « néo » Free Gardeners qui sont très souvent des francs-maçons – mais pas toujours – et dont le rituel, d’aspect assez archaïque, typiquement britannique dans sa structure, permet une relecture des rituels maçonnique qui ont connu, quant à eux une évolution bien plus complexe.

    Il y a quelque chose de rafraichissant chez les Francs-Jardiniers, avec les trois grades d’Apprenti – Adam, Eve et le Paradis terrestre –, de Compagnon – Noé célébrant le Très Haut par la construction d’un Autel après le Déluge – et de Maître Franc-Jardinier – sous l’égide de Salomon dont le Temple fameux est ici présenté sous son aspect « végétal »…

    Mais surtout, si les rituels sont plus simples, la place des Instructions (en anglais : Lectures) plus grande que dans la franc-maçonnerie, on est également frappé par la moindre sophistication intellectuelle des discours et des enseignements, au profit d’une dimension profondément humaine, fraternelle, cordiale. Le tout sous l’égide inévitable du Grand Jardinier de l’Univers, ce Dieu de nos Pères, clé de voûte fondamentale de tout édifice initiatique dans cet univers britannique – la source même de la franc-maçonnerie et de tous les Ordres qui se sont développés sur son modèle.

     

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    Tablier d'un Digne Vénérable des Francs-Jardiniers

     

    On peut prendre cet Ordre des Francs-Jardiniers comme un des très nombreux systèmes de Side Degrees – les Anglais disent « grades latéraux » plutôt que « hauts grades » – qui composent l’essentiel de l’univers maçonnique britannique. Les maçons d’outre-Manche ne considèrent pas que la grade de Maître soit le terme de toute la maçonnerie : c’est au contraire, pour eux, là où tout commence, comme c’était le cas en France au XVIIIe siècle. C’est en explorant d’innombrables grades – plus de 125 sont disponibles en Grande Bretagne – que l’on approfondit la complexité de l’édifice maçonnique. La loge des trois premiers grades en est la base, non le  but et l’achèvement.

     

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    Les trois emblèmes des Free Gardeners

     

    Les Free Gardeners, une fois encore, ne sont pas maçonniques au sens propre du terme, mais le cousinage est frappant et immense. A commencer par les trois emblèmes fondamentaux que sont le Compas, l’Equerre…et le Couteau à greffer (Pruning Knife) ! Les décors sont familiers pour un franc-maçon et la cérémonie des trois grades de l’Ordre respecte à s’y méprendre la structure de nombre de Side Degrees bien connus en terre anglaise. 

    Plus j’étude et pratique la franc-maçonnerie, dans toutes ses expressions, plus je me rends compte que, non seulement, il faut connaitre la maçonnerie britannique pour bien comprendre toute la maçonnerie, mais encore qu’il faut sortir de la maçonnerie britannique pour aller vers les Friendly Societies qui, paradoxalement, conservent une fraicheur native que la franc-maçonnerie institutionnalisée après « trois siècles » a parfois perdu en partie !

    Il ne me restait plus qu’à aller assister dimanche matin à un service de l’Église anglicane à Londres, à Grosvenor Chapel, pour la Fête de Saint George –  où nombre d’Anglais, et parmi eux à coup sûr pas mal de francs-maçons, célébraient cet hommage à la fois national, rituel et religieux, sans y voir la moindre rupture, la moindre discontinuité, et naturellement la moindre incompatibilité avec leur vie maçonnique.

    En effectuant ce parcours, on se sent bien loin des débats parfois navrants qui émaillent la vie maçonnique française…et plus encore – mais je me garde bien d’en dire un mot ici ! – la société française en général…

     

    Et en prime, mon Diplôme !

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