Les élections sont, dans la plupart des loges, un événement annuel, généralement vers le mois de juin, qui se passe dans la bonne humeur et le calme. Il s’agit de renouveler les Officiers de la loge et, tous les trois ans en moyenne, de remplacer certains d’entre eux devenus inéligibles à un nouveau mandat, à commencer par le Vénérable.
Il se peut néanmoins que ce moment de la vie d’une loge donne lieu à des compétitions un peu navrantes où s’expriment parfois des ambitions trop humaines.
Il faut dire que la procédure peut être longue et prend souvent une tenue entière lorsque des listes de candidats à chaque Office sont présentées et donnent lieux à des votes séparés et successifs, en règle par scrutin à bulletin secret. Le pire est à redouter, non seulement quand des candidats qui avaient nourri de grands espoirs sont finalement battus, mais aussi quand un Vénérable, par exemple, se retrouve flanqué de Surveillants qui ne correspondant pas à son choix. Soulignons cependant, une fois encore, que le bon sens des maçons l’emporte généralement et que des arbitrages officieux et une préparation soigneuse des élections permettent habituellement d’éviter ces déboires. Ils demeurent cependant toujours possibles.
Au sein de la LNF, la procédure est très différente. Seul le Vénérable est élu et il l’est sur proposition de la Conférence des Maîtres qui se réunit avant la tenue. Là ne règne qu’une discussion sereine et, le plus souvent, le choix est consensuel : il n’y a donc qu’un seul candidat élu par vote à main levée.
Lorsque le Vénérable est élu, il forme son Collège. Cela veut dire que, dans un échange de vues libre et ouvert avec les Maîtres, il propose un titulaire pour chaque poste. Lorsque la discussion est achevée, quelques ajustements éventuellement effectués, la liste est arrêtée. Théoriquement seul le Trésorier et le Tuileur sont également élus, en dehors du Vénérable, dans les loges du Rite Anglais. En 30mn environ, tout est réglé, et la tenue peut suivre normalement.
Toute procédure a ses avantages et ses inconvénients. On a pu plaider que l’unanimité et le consensus ainsi que l’absence de secret des votes sont une manière subtile d’imposer la loi du (ou des) plus forts(s), sans transparence réelle. C’est théoriquement possible, mais cela vaut sans doute mieux que des affrontements regrettables, et parfaitement visibles, pour la première place dans la loge, et de longues séances électorales qui font un peu trop penser aux compétitions peu glorieuses du monde profane.
En fait, la « course aux honneurs » n’existe pas dans les loges de la LNF – pas davantage que dans ses instances nationales. Une maçonnerie qui ne dispose ni de grands effectifs, ni de biens importants, et qui ne cherche pas la popularité ni l’influence à l’extérieur, n’attire que des Frères désireux de la servir et non de s’en servir. Ils sont les bienvenus…