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"Les promesses de l'aube" : un pamphlet ?

Puisque la rumeur publique s'est déjà emparée d'un ouvrage dont je suis l'un des co-auteurs, et qui va paraître dans peu de jours, je dois à ceux et celles qui me font l'honneur de lire régulièrement les pages de ce blog - où je traite de sujets plus paisibles - quelques éclaircissements...

On parle déjà, à propos de ces Promesses de l'aube, d'un "pamphlet". Il ne s'agit pourtant nullement de cela, ou seulement dans le sens très simple et originel que Littré donnait à ce mot: " Petit livre de peu de pages"... 90 pages, c'est en effet fort peu...

Et c'est pourtant assez pour dire ce que trois anciens responsables d'obédiences fort différentes, et reposant sur des principes maçonniques parfois très éloignés, avaient à dire en commun : la maçonnerie, ce n'est pas la guerre ! Le reste est littérature.

Je revendique, dans ce livre qu'on nous fera la grâce (je parle des trois auteurs !) de lire avant de le critiquer - et même, si l'on veut, de le critiquer sans réserve et ad libitum ! - d'avoir surtout contribué à la partie consacrée aux sources historiques de la "régularité". Mes lecteurs habituels reconnaitront maints passages. Il me paraissait urgent de remettre les choses à leur place dans un débat qui a pris, au sein du PMF, depuis une année, un tour à la fois désagréable et un peu fou. On utilise des mots dont on ignore le sens, on invoque des "Basic Principles" dont on méconnait la nature et, par dessus tout, on parle de régularité sans mesurer ce qu'elle signifie ni surtout ce qu'elle implique. Comment s’étonner, après cela, que la pagaille et la cacophonie s'installent, sur fond d'aigreurs et de postures belliqueuses ?...




A titre personnel - ce dont je n'avais pas à faire état dans un ouvrage collectif - mes choix maçonniques sont connus.  Je les revendique et ils me conviennent : je suis attaché, comme le stipule l'article I de la Charte de la maçonnerie traditionnelle libre, texte fondateur de la Loge nationale française (LNF), à l'idée que "la franc-maçonnerie est de nature traditionnelle, spirituelle et religieuse," et qu'elle "a pour but la transformation initiatique de ses membres par la méditation de la Loi d’Amour de l’Evangile de Saint Jean et la pratique rigoureuse des usages, des rites et des cérémonies maçonniques."  Sa devise est "God is our Guide".

Je ne sors pas de cette définition, totalement "régulière" au demeurant. Et pourtant, je ne crois pas devoir, je n'ai jamais cru devoir plier devant les oukases des maçons anglais - parmi lesquels je compte d'ailleurs de nombreux et chers amis - m'obligeant à ne plus reconnaitre comme Frères et Sœurs ceux et celles qui, dans le vaste spectre de la maçonnerie française, fruit de près de trois siècles d'une histoire complexe, ont une perception différente. J'ai toujours travaillé dans des loges qui leur faisaient bon accueil - sans exiger qu'ils signent quoi que ce soit - et j'ai toujours accepté leurs invitations fraternelles à venir parler dans les leurs. Et j'espère bien continuer longtemps encore.

D'où mon accord quand Alain Bauer et Michel Barat, lesquels ont leurs raisons propres qui ne sont pas forcément les miennes, m'ont demandé de me joindre à eux, dans le souvenir de l'année 2003, "l'année sans pareille", où la Maçonnerie Française - structure immatérielle et nullement inféodée au GODF, comme le colportent encore, par ignorance ou malveillance, des thuriféraires du révisionnisme maçonnique - avait permis que des Obédiences très différentes - et qui ne cachaient pas leurs drapeaux -  travaillent ensemble dans le respect de leurs identités,  plutôt que de s'envoyer des "scuds" médiatiques.

Aucune stratégie obscure n'est donc à rechercher dans ce témoignage et dans cet appel, ni aucune sombre volonté de nuire à qui que ce soit. C'est simplement une invitation à réfléchir sur la nature profonde de la franc-maçonnerie et sur le sens et la portée de sa diversité si grande dans un pays comme le nôtre. C'est aussi une occasion de se pencher sur ses formes d'organisation, sur les côtés positifs et les aspects plus troubles du "jeu obédientiel" qui structure aujourd'hui la vie maçonnique. C'est enfin un moyen d'alimenter un débat qui devrait être serein et modéré, ouvert et généreux. Du moins si les francs-maçons ne se contentent pas d'énoncer d’immortels principes mais se décident, parfois, à les mettre aussi en pratique...

Naturellement, un semblable inventaire conduit à égratigner tel ou tel, à critiquer des positionnements discutables, à mettre sinon en cause du moins en question des pratiquées institutionnelles qui donnent parfois à la franc-maçonnerie l'allure d'un champ clos qui n'a rien à envier aux turpitudes du monde politique. Et pointer tout cela fait sans doute un peu mal.

Acceptons-en le risque. La maçonnerie est précieuse, elle mérite bien qu'on souffre un tout petit peu pour qu'elle soit préservée des malheurs auxquels l’exposent les ambitions des uns et les obsessions des autres.

Et surtout, faisons confiance à l'intelligence et à la fraternité : le mot final appartiendra à tous ceux et à toutes celles qui aiment la franc-maçonnerie. Comme vous et moi. Ni plus, ni moins...

Allez, c'est promis : demain, je retourne au travail !


PS Pour ceux qui s'interrogent sur ce titre, Les promesses de l'aube, c'est un simple clin d’œil vers l'ouvrage signé par Alain Bauer, il y a déjà quelques années, qui dénonçait des dérives dont nous mesurons aujourd'hui les effets. Il s'intitulait Le crépuscule des Frères...

 

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