Certains de mes lecteurs m'ont fait part de leur regret en constatant que ce blog était fermé aux commentaires. C'est en effet un choix délibéré dont l'explication est simple : trop de blogs donnent l'exemple consternant des commentaires vides de sens - dans les meilleurs cas - , à côté du sujet, ou surtout agressifs et polémiques, toutes choses qui n'ont jamais fait avancer le moindre problème - en maçonnerie comme ailleurs...
Cette constatation est déjà navrante quand on la fait à propos de blogs portant sur des sujets de société, des sensibilités politiques ou religieuses, mais elle est effrayante quand on voit le déchainement de violence écrite qui se manifeste sur certains blogs maçonniques où les règlements de compte "en ligne" côtoyent les insultes publiques. J'avoue être à la fois interloqué et profondément peiné par ces comportements. Pour ces raisons, instruit par l'expérience, j'ai pris la décision de fermer ce blog aux commentaires. Je sais bien que l'on peut "modérer" avant publication, mais je préfère passer mon temps à écrire pour proposer à mes lecteurs des documents, des études et des réflexions.
Il faut toutefois s'arrêter un instant sur ce que cela révèle. Les francs-maçons proclament volontiers - y compris à la face du monde - leurs "immortels principes": tolérance, fraternité, liberté de conscience, pensée critique, etc. Le malheur est que, trop souvent, ces proclamations faites, ils oublient de mettre en oeuvre les valeurs dont ils se gargarisent ! Et pourtant, quand on fréquente assidûment le monde maçonnique, comme je le fais depuis trente ans, on sait que les maçons et les maçonnes sont, dans l'ensemble, des gens sympathiques, attachants même, et que si les petits défauts de l'humanité ne les épargnent pas, ils forment un peuple plutôt joyeux et réellement fraternel, animé le plus souvent d'une vraie sincérité. Alors, pourquoi de tels écarts de comportement ?
Je ne vois d'autre réponse que celle-ci : le monde profane a contaminé les loges où se retrouvent regrettablement les us et coutumes de la vie quotidienne, l'esprit et les méthodes des confrontations qui tissent la vie publique et agitent le monde politique comme la sphère du travail...
A force d'entendre dire par leurs "dignitaires", que "notre Rite" est le meilleur, le plus authentique, le plus "traditionnel", que "notre Grande Loge " est la plus ancienne, la plus respectueuse des principes fondateurs - j'en passe, et de pires ! - on finit par faire des francs-maçons des militants, voire des fidèles - j'allais dire des paroissiens. En accordant aussi, dans les travaux maçonniques, une trop large part aux sujets "sociétaux " , c'est-à-dire à la politique qui ne dit pas son nom, on laisse s'y développer les mêmes travers et les mêmes dévoiements : parler à tort et à travers sur des sujets complexes qui nécessitent une approche rigoureuse et documentée sur le plan sociologique, historique, économique, etc.
L'Apprenti de Wirth : que faire ?
Le fond du problème est peut-être encore plus grave : le débat maçonnique mal conduit accoutume sans doute nombre de maçons à l'idée que la franc-maçonnerie, à la différence d'à peu près tous les secteurs de la vie "profane", est un lieu où l'on peut sans risque dire à peu près n'importe quoi sur n'importe quel sujet...
Le constat paraîtra sans doute sévère, voire injuste, à certains de mes lecteurs, et je m'excuse par avance auprès d'eux si je les choque : tel n'est pas mon propos et, disons-le tout net, je suis conscient de pouvoir dire et écrire des sottises, comme tout un chacun ! Je pense seulement que nous devons porter sur la franc-maçonnerie dans son ensemble un regard critique et sans complaisance. Sommes-nous toujours à la hauteur de notre projet - je n'ose encore dire " de notre "idéal" ?
Si nous décidons simplement que cette question n'a pas d'intérêt, ou pas d'objet, alors la franc-maçonnerie est morte...
PS En revanche, on peut grâce à la rubrique "Me contacter", me faire part de toute réaction et de toute question : je répondrai toujours !