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Symboles - Page 3

  • Pendeloques et taus sur les tabliers...

    La France connait une particularité : la diversité des Rites de loges symboliques et, du même coup, la grande variété des décors (cordons, sautoirs, colliers et surtout tabliers) qui correspondent à chacun de ces Rites.

    Je voudrais ici évoquer – sans aucune exhaustivité, cela va sans dire ! – quelques erreurs que l’on commet parfois à ce sujet et quelques « légendes de parvis » qui courent à ce propos.

    1.       Les « sept pendeloques » des tabliers Emulation

    On sait que dans les loges Emulation, les tabliers de Maître sont bleus et présentent deux particularités : des rosettes en lieu et place des lettres « M. B. » si communes dans la tradition française (au Rite Français comme au REAA) et deux larges rubans, disposés de chaque côté de la bavette, auxquels sont appendus des chainettes (diversement qualifiées par les marchands de décors en France, de « pendeloques » ou de « pendrions » –  en anglais = tassels, c’est-à-dire « houppes ») portant une petite boule métallique à leur extrémité. En Angleterre, les chainettes sont d’argent pour les loges « ordinaires » – on dit là-bas « subordinate » – et d’or seulement pour les dignitaires, avec de rares exceptions pour certaines loges historiques. C’est la règle qui a souvent été reprise en France par la GLNF puis la GLTSO – mais qui n’y est qu’approximativement appliquée du reste. Au sein de la LNF, toutes les loges « portent d’or »…

     

     








    Tabliers anglais : Maître Maçon et Grand Officier


    La question sur laquelle je veux me concentrer ici est celle de l’origine et de la signification de ces deux ornements du tablier Emulation.

    J’ai souvent entendu dire que les sept chainettes dénotent une signification symbolique sur laquelle les commentaires vont bon train, on s’en doute. Que les fabricants, obligés de fixer un « standard », aient choisi le nombre sept pour un tablier de Maître n’a pas de quoi surprendre, mais cela n’est spécifié dans aucun rituel et ne fait l’objet d’aucune prescription de la GLUA notamment. C’est donc parfaitement gratuit et aucun symbolisme ne s’y attache particulièrement. La raison en est que, à l’origine, il y avait bien plus que sept chainettes, mais en fait un grand nombre de fils argentés ou dorés dont l’assemblage formait une houppe ou un gland de passementerie.

    Les tabliers de Maître présentaient une très grande diversité d’ornementation, en Angleterre comme en France, à la fin du XVIIIème siècle. C’est au moment de l’Union de 1813, qui donna naissance à l’actuelle GLUA, que tous ces détails furent standardisés. C’est à cette occasion que naquirent les « pendeloques ».

    Il était courant, à cette époque, de ceindre un tablier à l’aide d’un cordon de tissu dont les extrémités étaient décorées de houppes ou de glands de fils éventuellement dorés ou argentés. On nouait les deux extrémités par le devant, sous la bavette, et on laissait ainsi naturellement retomber de chaque côté les deux houppes. Les musées maçonniques exposent de nombreux exemples de ces tabliers anciens.

    Il fut peut-être jugé plus digne d’éviter tout aspect négligé en « simulant » cette disposition : la ceinture fut désormais attachée dans le dos ou sur le côté par une agrafe métallique mais deux bandes de tissu ornées de houppes « symboliques » – entendons par-là : « stylisées » – furent ajoutées par application directe et purement décorative sur le tablier. Les « pendeloques » étaient nées. Il fallut d’ailleurs un peu de temps fixer leur dimension exacte.

     Il faut noter que cette coutume anglaise – fixée lors de l’Union de 1813 et qui a ensuite « contaminé » les autres Grades Loges des Iles britanniques (Ecosse et Irlande) – ne concernait initialement que les décors Emulation (entendons par là, une fois encore, et pour dire les choses simplement, les loges de Rite « anglais » travaillant en France depuis 1913). La GLNF, très vite, a introduit des détails qui lui étaient propres, comme une cocarde tricolore (à ne pas confondre avec celle de la RAF – l’ordre des couleurs n’est pas le même) en lieu et place de la cocarde simplement bleue des anglais, sur le collier des Vénérable et sur les tabliers de Maître. Mais surtout, après-guerre, ayant de nouveau activé le RER qui avait plutôt déserté la GLNF, et surtout intégré après 1965 le REAA, elle a peu à peu étendu ces particularités aux tabliers des autres Rites : c’est ainsi que des tabliers du RER ont adopté les « pendeloques » – ce que la tradition française d’origine de ce Rite ne connait absolument pas – et que le REAA a suivi, sans doute dans le but de distinguer, dans les années qui ont suivi la douloureuse rupture de 1965, le REAA « irrégulier » dont les tabliers étaient identiques à ceux du Rite Français du GODF, hormis leur couleur, et le REAA « régulier » [1]

     

     Tablier REAA - sans les lettres MB, avec rosettes et pendeloques

     

    Chacun demeure évidemment libre d’agir à sa guise et le XVIIIème offrait du reste à tout maçon une liberté presque sans limite pour l’ornementation des tabliers, je me borne donc à un simple rappel : la description des tabliers du RER et du REAA, dans les textes fondamentaux ou les plus anciens documents de référence de ces Rites pour les grades bleus (Code maçonnique des loges réunies et rectifiées, 1778, pour le RER ; Tuileur de Delaunaye, 1821 et de Vuillaume, 1830, pour le REAA) sont parfaitement clairs : pas de pendeloques sur les tabliers dans les deux cas…et surtout, quel que soit le Rite, pas de « symbolisme » particulier à cette ornementation plaisante mais sans autre finalité que d’améliorer l’aspect de nos précieux décors, tout en rappelant un usage ancien !

    2.       Les « Taus renversé » sur les tabliers de Maitres Installés – ou Passés-Maîtres

    Une autre coutume est née au début du XIXème siècle, en Angleterre, là encore : faire apparaitre sur le tablier de Maîtres installés, ou Passés-Maîtres, en lieu et place des rosettes du tablier de Maître, des « taus renversés ». Le sujet est d’autant plus intéressant que les auteurs maçonniques anglais eux-mêmes ne savent trop quelle origine attribuer à cet usage…

    Soulignons qu’il s’agit bien ici des Installed Masters, et non des anciens Vénérables ou des « Vénérables d’honneur » comme on en connait en France : cela ne concerne donc que ceux qui sont réellement passés par la cérémonie dite « secrète » (et pas simplement « administrative ») d’Installation du Maître de loge, en présence des seuls Passés-Maîtres, cérémonie qui confère à son bénéficiaire des signes, mots et attouchements spécifiques, lui révèle une légende nouvelle et surtout lui fait prendre un engagement d’une importance et d’une solennité toutes particulières.[2] En Angleterre, et dans les Grandes Loges qui ont, de par le monde, adopté cet ancien usage, la qualité de Passé-Maître (Past Master) est inaliénable et son titulaire est invité à en porter les insignes (médaille de poitrine, collier portant un bijou spécifique – sur lequel je ferai un post à part –  et présence de « taus renversés » sur le tablier) jusqu’à la fin de ses jours, en toutes circonstances en loge bleue. Il faut également préciser, car c’est également une erreur habituelle, que seuls les taus sont la marque du Passé-Maître sur son tablier, et non les pendeloques qui, on l’a vu, sont communes à tous les Maîtres Maçons.

     

     

    Tablier de Maître Installé anglais


    Le point qui demeure aujourd’hui on résolu est celui de l‘origine de ce curieux symbole du « tau renversé » : aucun texte maçonnique anglais ne nous en donne la clé !

    Les anglais appellent cette figure « level » ou « double square » – niveau ou double équerre – ce qui est simplement descriptif mais n’est guère plus éclairant ! On ne peut donc que formuler quelques hypothèses.

    Dans son si précieux Freemasons’ Guide and Compendium, Bernard Jones évoque notamment trois d’entre elles, sans trancher car aucune n’emporte la conviction : par exemple le fait qu’il existe une référence biblique au signe du « Tau » comme un signe « d’élection » dans Ezechiel, 9, 3-4 :

    « Alors la gloire du Dieu d'Israël s'éleva de dessus le chérubin sur lequel elle était, et se dirigea vers le seuil de la maison ; elle appela l'homme vêtu de lin, qui portait une écritoire à sa ceinture.

    Et l'Éternel lui dit : Traverse la ville, Jérusalem, et fais une marque [d’un Tau] sur le front des hommes qui gémissent et qui soupirent à cause de toutes les abominations qui se commettent dans son sein. »

    Cette marque permet donc d’identifier ceux qui sont restés fidèles à Dieu : cela suffit-il à expliquer leur présence sur les tabliers des Maîtres Installés ? Et s'il s'agit bien de taus qui figurent sur le tablier, pourquoi avoir renversé la lettre ?

    Je crois que l’on peut formuler une autre hypothèse. Je la résume ici.

    On sait que l’Installation secrète, dont les premières mentions certaines remontent aux années 1740 en Irlande, et la première description rituelle documentée à 1760 en Angleterre, était aux yeux des « Antients » (membres de la Grande Loge dite des Anciens, fondée 1751) une tradition majeure car elle permettait l’accès  à ce qu’ils considéraient comme le sommet de la maçonnerie symbolique : l’Arc Royal. Au moment de l’Union de 1813, le statut de l’Arc Royal se régla par un compromis et l’on « oublia » provisoirement l’Installation secrète mais elle continua d’être pratiquée avant d’être à son tour réglementée officiellement à partir de 1827. Retenons simplement que l’Installation secrète, la qualité de Maître Install était alors un pré-requis indispensable pour devenir Compagnon de l’Arc Royal. Cette exigence fut d’ailleurs abandonnée par les anglais dès 1823 (mais subsiste toujours en Ecosse et en Irlande).

    Or, le symbole fondamental de l’Arc Royal, qui est lui-même une stylisation du monogramme de Templum Hierosolyma, se décompose très simplement en… trois taus !

     

     Le symbole fondamental de l’Arc Royal...




    ...et sa déconstruction...


    Mon hypothèse est donc la suivante : la mention de trois taus sur le tablier d’un Maître installé n’était-elle pas l’annonce qu’en assemblant ces trois éléments, on pouvait composer le monogramme de l’Arc Royal – et que le Maître installé était donc « virtuellement » en possession des secrets de cet « Ordre suprême » ?

    Je laisse chacun à ses réflexions…

    Un dernier point : comme les pendeloques, qui ont « envahi » les décors de plusieurs Rites en France, les taus ont fait leur apparition sur les tabliers du RER et même du Rite Français (surtout Rite Français Traditionnel – RFT)  mais aussi du REAA, dans les Obédiences qui pratiquent officiellement l’Installation secrète.


    Tablier de Passé-Maître "RER" - ici sans pendeloques !


    Tablier de Passé-Maître "REAA" - on a tout mis cette fois...


    Tablier de Passé-Maitre "RFT" - le placage de l'anglais sur le français...

     

    On peut faire ici la même remarque que pour les pendeloques : libre à chacun de faire comme il l’entend – à condition, au moins, de comprendre ce que l’on fait ! – mais il faut rappeler que le RER, comme tous les Rites de tradition française issus du XVIIIème siècle (avec le Rite Français), ignore la qualité de Maître Installé – même si de nombreuses loges RER se sont mises à en pratiquer la cérémonie – et donc aussi la présence des taus sur les tabliers. [3] Pour le REAA, la chose est en revanche plus discutable car le grade de Past Master y est clairement décrit dans le Tuileur de Vuillaume, et il fut pratiqué par les Frères du REAA au début du XIXème siècle mais la pratique s’en est perdue assez tôt en France. Sa redécouverte par les Frères du REAA qui rejoignirent la GLNF en 1965 était donc, en quelque sorte, un retour aux sources. Les usages sont toujours les mêmes pour les Frères de ce Rite au sein de la GL-AMF. Il y a une vingtaine d’années, j’ai été le témoin et également l’acteur d’un débat qui s’est élevé au sein de la GLDF – et du SCDF dont le Grand Commandeur avait eu, à cette époque bien différente de celle que nous vivons, la courtoisie de me consulter à titre « d’expert » – sur l’opportunité éventuelle d’y rétablir cet usage. L’issue du débat, que j’avais alors fortement contribué à documenter, fut négative pour des raisons sans grand rapport avec la tradition maçonnique, je le crains. Cela n’a pas empêché l’Installation secrète – et donc les taus – de se répandre officieusement, depuis quelques décennies, dans un certain nombre de loges de la GLDF et sur pas mal de tabliers…

     



    [1] Dans le même esprit, sans doute, les lettres « M. B. » furent remplacées par des rosettes, à la manière anglaise. Il faut toutefois observer que les tabliers des Grands Officiers de la GLDF présentent depuis longtemps déjà des pendeloques.

    [2] Cf. les posts en cours de publication à ce sujet sur ce blog.

    [3] Rappelons qu’en revanche la possession préalable d’un grade est nécessaire pour devenir Vénérable d’une loge du RER : le grade de Maître Ecossais de St André.

  • Un symbolisme médiéval de la pierre

    Le symbolisme de la pierre, l'usage allégorique des différentes formes que ce matériau peut revêtir, la mise en parallèle de la démarche initiatique et de la transformation d'une pierre brute en pierre taillée, sont autant de lieux communs de la pensée maçonnique. C'est encore ce thème qui fut exploité par le cher vieil Oswald Wirth, qui a tant fait pour édifier une véritable mythologie maçonnique moderne, en s'appuyant, comme plusieurs de ses collègues « symbolistes » et leurs successeurs, sur une indiscutable sincérité et une solide méconnaissance de l'histoire et des sources de la tradition maçonnique elle-même...

    La recherche maçonnologique et l'approfondissement de l'historiographie maçonnique, au cours de décennies récentes, ont pourtant mis à mort cette idée simple que le « symbolisme maçonnique » fut une création de la franc-maçonnerie : dans sa presque totalité, il préexistait à l' apparition des premiers francs-maçons et des premières loges. Il puise dans un fond bien plus ancien que la maçonnerie et c'est dans cette tradition, non pont orale, mais largement écrite – pour notre plus grand bonheur – que cette dernière a largement puisé pour étoffer ses rituels et meublé ses loges. On peut en donner d'assez nombreux exemples.

    Ainsi, il a existé, entre la fin du XVème siècle et la fin du XVIIème, toute une littérature, très répandue et fort populaire : la littérature des emblemata, ou littérature emblématique. Il s'agissait de volumes qui contenaient de nombreuses vignettes, figures et illustrations, de qualité très variable au demeurant, représentant des scènes énigmatiques, des « natures mortes », des objets, des signes, toutes  images auxquelles était conféré un sens symbolique, on disait alors « emblématique ». les images en question étaient habituellement accompagnées d'un commentaire ou d'une « devise », une sorte de sentence à la manière antique – elle-même parfois un peu énigmatique – qui en suggérait ou en explicitait plus ou moins clairement le sens. Le jeu consistait à feuilleter ces livres d'emblèmes et à se distraire, seul ou en commun avec des proches ou des amis, en discutant sur ces énigmes et en commentant le beauté ou l'étrangeté des figures. Jeu de société en quelque sorte, mais parfois peut-être jeu plus sérieux qu'il n'y paraissait.

    Toujours est-il qu'au détour des pages de ces recueils curieux, on trouve fréquemment la représentation d'un équerre, posée sur une pierre avec la devise « Dirigit obliqua » (« elle redresse les obliques »), ou encore un compas tenu par une main céleste sortant des nuages. Les triangles et les croix se trouvent abondance, de même que les fils à plomb ou les signes alchimiques. Insistons encore sur ce point : tout cela se situe dans un contexte très antérieur (d'un siècle ou deux) à l'apparition des premières manifestations de la franc-maçonnerie spéculative. C'est bien dans ce répertoire emblématique que les premiers tableaux maçonniques iront puiser sans retenue. Il faut se rendre à cette première évidence : les « symboles maçonniques » ont été dans le domaine public bien avant de pénétrer dans les loges...

    Un autre aspect doit être souligné : la distinction entre la maçonnerie opérative et la franc-maçonnerie dite spéculative, si elle correspond bien à une réalité historique, ne doit pas être surinterprétée. Il faut notamment se souvenir que, pendant toute l'époque médiévale et au cours de la Renaissance encore, l'idée la plus répandue est que dans le monde matériel, comme dans la nature en général, tout fait sens et qu'il existe une lecture subtile du monde qui perçoit en lui un message permanent venu d'un autre ordre de réalité. Dans les sociétés traditionnelles européennes, notamment celles des campagnes et des métiers, des traces de cette pensée ont longtemps subsisté. Rien ne permet donc d'affirmer que les maçons de métier n'aient jamais « moralisé », pour reprendre un terme anglo-saxon, sur les outils de leur art. Du reste, on en possède peut-être une preuve saisissante avec l'équerre du pont de Limerick, en Irlande.

    Au XIXème siècle, lors de travaux rendus nécessaires par l'état de détérioration de ce pont, on découvrit au sein d'une des piles de l'ouvrage, lors de sa démolition, un équerre métallique qui portait ces mots : « I will strive to live with love and care, upon the level, by the square » (« Je m'efforcerai de vivre avec amour et soin, selon le niveau et par l'équerre. ». Formule remarquable dont on peut faire un témoignage ancien du symbolisme maçonnique, dans un contexte qui n'est clairement pas « spéculatif ». La date que porte cet objet est encore plus bien intéressante : 1507 ! C'est donc à l'orée du XVIème siècle, bien avant les Statuts Schaw en Ecosse (1598-1599),  avant les premières versions « proto-spéculatives » des Anciens Devoirs (Old Charges) anglais (dernier quart du XVIème siècle), que ce document apparaît.


     

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    L'équerre de Baal Bridge, Limerick, Irlande


    Peut-on remonter plus loin encore ? Sans doute, mais il faut pour cela aborder un terrain peu arpenté par les historiens de la maçonnerie : celui de la théologie médiévale !

    Il n'est pas entièrement juste de dire qu'au Moyen Age, période de la toute puissance en Europe de l'Eglise catholique, les fidèles étaient tenus dans la plus complète ignorance des récits bibliques ou évangéliques. Certes, il faudra attendre la Réforme pour voir apparaître de nombreuses traductions en langues « vernaculaires » et surtout pour voir peu à peu s'imposer le principe d'un libre accès au sens même du texte sacré – en vertu du « libre examen ». Pour autant, les hommes du Moyen Age, très majoritairement illettrés, n'ont pas été tenus à l'écart de la Bible : au lieu de la leur faire lire, on la leur a montrée...

    Deux grandes sources de connaissance biblique ont été mises à la disposition de tous – ou du plus grand nombre – entre le XIème et le XVème siècle notamment. La première est constituée par les innombrables scènes sculptées dont s'ornèrent les façades des églises et des cathédrales. Loin de se plier à la seule fantaisie des « imagiers », plus ou moins crédités d'une sorte d'hérésie muette par des auteurs imaginatifs mais peu informés, les sculptures en question répondaient en réalité à un programme très normé, fixé selon des règles précises par les commanditaires, c’est-à-dire par des clercs, des moines ou des princes de l'Eglise. Nombre de personnages de ces images de pierre nous semblent aujourd'hui énigmatiques et leurs occupations assez obscures. Il n'en était rien il y a sept ou huit siècles. Leurs représentations sont parfaitement codées et permettaient leur identification aisée par tout un chacun : le juif porte un chapeau pointu, un vieillard barbu doté d'un épée n'est autre que Saint Paul, Saint Jean porte un livre, et Saint Thomas (ainsi que quelques autres) une équerre ! Ces objets associés aux personnages étaient leur « légende », leur étiquette. On invitait ainsi les fidèles a se replonger, lors de chacun de leurs passages près d'un édifice religieux, dans le monde enchanté de la Bible : c'était donc pour eux un monde de pierre peuplé de symboles – mis ces derniers n’avaient rien de spécifiquement maçonnique, cela va sans dire.

    Une autre source de culture biblique se trouvait dans les ouvrages spécialement composés pour l'édification spirituelle et morale des chrétiens : les psautiers illustrés, les bibles « moralisées » et d'autres ouvrages plus savant, comme le fameux Speculum humanae salvationis (le Miroir du salut humain), qui remonte au XIVème siècle.

    Le public auquel était destinés ces ouvrages était mixte, si l'on peut dire. D'un côté, ces livres manuscrits comportaient du texte, soit le texte de la Bible, soit – plus souvent – des passages remarquables du livre sacré, soit encore un mélange entre des citations bibliques et des commentaires plus ou moins élaborés. Ils s'adressaient donc à des personnes sachant lire, une minorité savante au premier rang desquels les prêtres et tous ceux qui avaient une mission d'enseignement auprès du peuple chrétien. Mais la deuxième composante, essentielle, de ces ouvrages était leurs illustrations. Celles-ci reproduisaient les scènes évoquées dans le texte mais s'en éloignaient volontiers pour en figurer le sens moral notamment. Ainsi s'est constitué tout un répertoire de dessins allégoriques, pour ne pas dire de scènes symboliques : songeons par exemple à l'image de Dieu traçant au compas les limites du monde. On peut supposer que ces illustrations permettaient de soutenir le discours d'un clerc qui, en les montrant au peuple, en rendait le message plus frappant. Or, certaines de de ces scènes portant sur la pierre.

    Pour ne mentionner qu'un exemple, mais il est très remarquable, on on trouve dans ces ouvrages de nombreuses représentations de la « pierre de l'angle », ou de la « pierre angulaire », évoquée dans le psaume 118, reprise par les Évangiles et des Épitres qui la rapprochent du Christ lui-même : « la pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs et qui est devenue la pierre d'angle ». A cette occasion, on voit comment l’ambiguïté du texte biblique conduisit, par la nécessité d'une représentation graphique, à l'apparition d'un sens nouveau qui aura peut-être un prolongement direct dans la franc-maçonnerie spéculative elle-même.

    Si l'on examine attentivement les mentions vétérotestamentaires de cette pierre angulaire, on réalise aisément qu'il s'agit d'une pierre en situation basse, une pierre qui fait lien à l'angle de deux murs pour en assurer la cohésion. C'est en ce sens que le texte l'évoque aussi comme un fondement. La reprise néotestamentaire va dans le même sens : le Christ est la pierre d'angle sur laquelle nous pouvons désormais bâtir un nouveau Temple, fait cette fois de « pierres vivantes ». C'est dans un sens proche que Pierre – l'Apôtre – sera ainsi nommé par Jésus pour qu'il soit la base de la nouvelle Église. Or, les représentations qu'on trouve dans les ouvrages mentionnés à l'instant font évoluer « graphiquement » le sens et le rôle de cette pierre.

     

     

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    Speculum humanae salvationis

     

    On trouve ainsi plusieurs représentations, tellement stéréotypées qu'elles paraissent avoir fait l'objet d'un tradition bien établie et assez répandue, où deux ouvriers, au sommet d'un édifice  – le Temple de Salomon fantasmé, car doté d'un plan comparable à celui d'un église chrétienne – pose à son sommet une pierre qui, de pierre angulaire «  de base », devient bel et bien clé de voûte en élévation. On mesure sans peine ce que ce simple changement graphique induit quant au sens profond.

    Or, dans le cours du XVIIIème siècle, en terre britannique, les symboles maçonniques vont s'enrichir d'un pierre de l'angle que l'on trouve dans la maçonnerie dite "de la Marque" (Mark Masonry) et dans le grade suprême de l'Arc Royal. Cette pierre, dans les deux cas – c'est du reste la même – est une clé de voûte, au sommet d'un arc dont elle assure l'achèvement et dont elle garantit la pérennité. Dans la maçonnerie de la Marque, le candidat devra retrouver cette pierre « rejetée » et au grade de l'Arc Royal, elle protégera le lieu où l'on retrouvera le vrai nom de Dieu. Nulle tradition de « opérative », n'aurait légué un tel contresens – à tout le moins une telle confusion – entre une pierre d'angle et une clé de voûte. On ne peut constater que que le modèle invoqué ici est celui des gloses qu'on trouve, au Moyen Age, dans les bibles moralisées et les psautiers illustrés. A ce sujet, n'oublions pas que, comme le montrent les versions les plus anciennes des Old Charges, et notamment le poème Regius, de c. 1390, c'est justement à des clercs que l'on doit la rédaction de ce textes qui régissaient alors  le travail et les usages des maçons de métier...

    D'autres exemples pourraient du reste être trouvés, car de nombreuses formes de pierres existaient dans le répertoire initial de la franc-maçonnerie, et plusieurs ont été ensuite oubliées.[1] Or, pour quelques-unes d'entre elles, il existait aussi des commentaires de même nature et de même origine. C'est là tout un champ à redécouvrir et à explorer pour une exégèse maçonnique qui ne se nourrisse plus seulement d'un symbolisme rudimentaire, de références abusives à une alchimie fantaisiste – pour ne pas parler de délires pseudo-kabbalistique !

    La pierre d'angle de la Marque, la clé de voûte de l'Arc Royal, puisant leurs sources dans la théologie médiévale de la pierre et l'interprétation graphique de la Bible par des moines et des prêtres du Moyen Age ? La thèse doit encore être renforcée, mais les évidences documentaires sont fortes.

    Nul ne sait jamais jusqu'où peut conduire le symbolisme maçonnique – mais il conduit assurément à tout, à condition d'en sortir...



    [1]    Cf. notamment R. Désaguliers, Les pierres de la franc-maçonnerie, Paris, 1995.

  • Faut-il porter le tablier "au-dessus" ou "au-dessous" ?...

     

    Voilà une question qui revient parfois et suscite, dans les parvis comme dans les loges, des commentaires variés et des hypothèses parfois désopilantes, il faut bien l’avouer…

    Heureux celui ou celle pour qui la réponse à une telle interrogation va de soi et peut se trouver par la seule « logique » prétendue que l’on attribue au travail maçonnique. Je ne partage pas du tout ce point de vue, on s’en doute. Même si le sujet peut sembler assez mince – et il l’est en effet ! – il est aussi exemplaire, si l’on veut bien y songer un instant. La façon de le traiter peut être indifféremment rigoureuse ou fantaisiste, comme n’importe quel autre sujet relatif à la maçonnerie – où l’amateurisme règne souvent en maître. Prenons-le ici comme un sujet « sérieux » et appliquons la méthode qui a fait ses preuves : la preuve par l’histoire et par les documents…

    En premier lieu, de quel tablier parlons-nous ? Si l’on se réfère à la période opérative – comment ne pas commencer par-là ? – le tablier des tailleurs de pierre ne ressemblait que de très loin à celui des modernes francs-maçons. Fait de peau – pas comme ceux qui, de nos jours, ne sont faits que de « simili-cuir », ni du reste comme les délicats tabliers du XVIIIème ou du XIXème en satin ! – il était à la fois résistant et protecteur, donc très long. Il nous en est resté de nombreux témoignages iconographiques. De tels tabliers sont du reste encore en usage de nos jours dans les métiers de a pierre – et quelques autres, comme ceux de la charpente ou de la forge.

     

     

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    Tailleurs de pierres bavarois (début XVIème siècle)

     

    Mais les mêmes sources documentaires nous montrent aussi des ouvriers qui ne portent manifestement aucun tablier, la solidité et l’épaisseur de l’étoffe des leurs vêtements de travail paraissant suffire (?) à la protection conférée par le tablier. Certes, on peut invoquer la liberté de l’artiste ayant « oublié » ce détail vestimentaire, mais comment récuser aussi l’exactitude éventuelle de ces représentations, vu leur fréquence ?

     

     

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    Quoi qu’il en soit, Tour donne à pense que les plus anciens maçons « non opératifs » anglais ont arboré de tels tabliers. Le plus bel exemple – et l’un des plus anciens – est figuré vers 1736 dans la fameuse œuvre de Hogarth, La Nuit,  qui dépeint le pittoresque spectacle d’un Vénérable passablement aviné, raccompagné chez lui par un Tuileur complaisant.

     

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    Dans des textes maçonniques du début du XVIIIème, on trouve d’autres gravures qui illustrent la mythologie opérative de l’Ordre maçonnique et le grand tablier de tailleur de pierre y figure en bonne place.

    Des tabliers de ce modèle nous sont du reste parvenus et l’on peut en admirer quelques exemplaires dans le musée de la Grande Loge Unie d’ Angleterre à Londres.

    Il est clair que ces tabliers se mettent sur les vêtements que l’on porte et qu’ils protègent – ainsi que celui qui en est revêtu – par leur grande capacité d’enveloppement.

    Mais à mesure que l’on s’est éloigné de cette référence opérative, les tabliers se sont modifiés de deux manières : en premier lieu, leur taille a été réduite – de vêtement de travail, ils sont devenus des éléments du « décor » d’un maçon. Ensuite, ils se sont peu à peu ornementés – jusqu’aux sophistications incroyables et les prouesses de la passementerie du XVIIIème siècle français !

    Il faut cependant signaler que l’usage de ces longs tabliers, s’il a été abandonné dans les loges bleues, n’a pas totalement disparu de la pratique maçonnique. Dans le grade de Maître Maçon de la Marque, d’origine britannique, lors de la cérémonie « d’avancement », le candidat est conduit à revêtir pendant un temps ce que les rituels anglais nomment un « working apron », c’est-à-dire tout simplement un long tablier de travail opératif, comme celui qui est figuré plus haut. Il va de soi que ce tablier, qui enveloppe presque tout le corps, se porte habituellement après qu’on a laissé « tomber » la veste…

    S’agissant du tablier « spéculatif », en consultant l’iconographie, on voit que si l’Angleterre a privilégié le port du tablier sur la veste, en revanche en France ou même aux États-Unis, à la même époque, les usages ont varié. Enfin, en Ecosse et en Irlande, jusqu’à nos jours, c’est toujours sous la veste que se porte le « décor » du maçon !

    Quand la maçonnerie passe en France, dans le premier quart du XVIIIème, on ne dispose pas de document, mais dès 1745 les célèbres gravures attribuées à Lebas nous procurent une documentation très intéressante sur ce sujet. L’une de ces planches montre que le tablier est apparemment placé sur l’habit, au moins quand on peut interpréter les images et sous réserve de la fidélité de l’auteur aux usages réels des loges de son époque.

     

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    En Angleterre même, au cœur du XVIIIème siècle, en 1735, on observe des usages plus diversifiés : le Grand Maître, situé de face, porte son tablier sous l'habit, mais le personnage vu de dos nous montre la ceinture de son tablier, porté par conséquent sur l'habit...

     

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    Aux États-Unis, à la fin du XVIIIème siècle, la fameuse fresque qui met en scène Washington, posant la première pierre du Capitole, est sans équivoque.

     

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    Cette façon de porter le tablier sous l’habit se retrouvera encore en France  sous le Premier Empire.

    Les francs-maçons anglais, de nos jours, sont très dignes sur les photos de loges où, tous grades confondus, le tablier est toujours parfaitement ajusté sur la veste.

     

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    C’est l’usage également habituel aux États-Unis où il n’est cependant pas difficile d’observer que la tenue vestimentaire des Frères est largement plus casual – disons : « détendue » – qu’en Grande-Bretagne, c’est le moins qu’on puisse dire !

     

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    Si l’on considère que ce sont les Grands Maîtres qui donnent l’exemple – et comme en douter ? (!) – alors les trois Grandes Loges « Sœurs », Angleterre, Ecosse, Irlande affichent sans équivoque leurs usages officiels.

     

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    Portrait peint du Duc de Kent, Grand Maître de la Grande Loge Unie d’Angleterre

     

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    Le Grand Maître Maçon de la Grande Loge d’Ecosse

     

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    Le Grand Maître de la Grande Loge d’Irlande


    N’oublions pas non plus qu’en Grande-Bretagne, il y a aussi des femmes francs-maçons – notamment au sein de l’Order of Women Freemasons qui compte quelques milliers de membres. Les « Frères » – c’est ainsi que se nomment les Sœurs en Angleterre ! – portent leur tablier sur leur robe…mais ajoutent sur le tout une sorte de surplis blanc – en anglais gown, qui peut se traduire, selon le contexte, par « robe », « blouse » ou même « toge ». On observe aisément, sur cette photo, que cette robe ouverte est faite d’un tissu blanc semi-transparent qui laisse entrevoir…le tablier !

     

     

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    Pour en revenir aux États-Unis, les usages y sont en réalité très variés, comme le suggère cette photo où, côte à côte, un Grand Maître et un Vénérable de loge n’ont manifestement pas le même dress code !...

     

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    Que penser de tout cela ? Simplement une chose : en ce domaine, là encore, la coutume l’emporte sur le raisonnement. On peut en effet tout « justifier » et son contraire.

    On peut affirmer, comme certains, que la veste est sur le tablier car l’on travaille en « bras de chemise » et qu’on reprend ensuite sa veste. Pourquoi pas ? On a cependant vu plus haut que cette distinction entre la veste et le pantalon n’avait guère de sens sur un chantier du  Moyen Age, à une époque où la composition du costume était très différente. On entend aussi dire, parfois, autant en Écosse qu’en Irlande, que les opératifs ne mettaient précisément pas de veste, puisqu’ils travaillaient, et que seuls les spéculatifs (les Gentlemen Masons) l’ont « ajoutée » au vêtement du maçon : une thèse largement conjecturale, rigoureusement non documentée et qui sent assez fort l’explication verbale…

    On peut également plaider que la maçonnerie étant justement devenue spéculative, et le tablier purement « décoratif », c’est uniquement l’apparence qui compte. Il faut pouvoir observer les détails de ce tablier et laisser à chacun la possibilité de décrypter tous les symboles dont, peu à peu, il se chargera, à mesure que des grades nouveaux seront inventés.

    Au passage, n’oublions pas non plus que vers la fin du XIXème, et jusqu’à l’avant-guerre, il était habituel en France pour un Maître maçon, toutes obédiences confondues, de ne plus porter de tablier : à cette époque, la question ne se posait donc plus…

    Les anglais, de nos jours, respectent presque infailliblement la règle du « tablier sur la veste »…sauf exception ! Et cette exception – qui est aussi une règle habituelle, on l’a vu, chez les irlandais et les écossais – permet de souligner un autre point : ce sont finalement les règles de l’élégance qui dictent la solution.

    En effet, de deux choses l’une :

    -          Ou bien l’on porte un habit formel, habit « à la française » ou tenue de cérémonie (type « veste à queue de pie ») et, sur un tel vêtement, appliquer un tablier produirait inévitablement un effet gauche et d’un mauvais goût complet. Dans ce cas, le tablier trouve naturellement sa place sous la veste d’habit. Le fréquent usage de ce genre d’habit au XVIIIème et au XIXème siècles explique simplement qu’on y ait souvent porté le tablier « sous la veste ».

    -          Ou bien l’on a revêtu un costume de ville classique, ce qui est le plus habituel de nos jours, et le port du tablier « en-dessous » entraîne alors une conséquence qui saute aux yeux, si je puis dire : les pans droits (et plus encore si l’on est resté un adepte du costume croisé) masquent presque totalement le tablier – sauf à laisser la veste déboutonnée, et encore ! Du reste, même en Ecosse, où la règle habituelle est "la tablier sous la veste", il est spécifié dans les documents écrits remis aux Frères que si l'on porte un tel vêtement, le tablier doit préférablement être ajusté au-dessus, pour qu'au moins la bavette en soit visible. Sinon, visuellement, je trouve aussi que l’effet produit n’est pas très heureux, mais c’est encore une question de goût. Une photo récente, venue d’Irlande, en fournit une illustration parfaite…

     

     

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    En revanche, et tout s’éclaire, si l’on porte, comme les Ecossais, l’habit traditionnel avec le spencer et le kilt, la veste haute, pourtant correctement boutonnée), avec ses pans coupés et évasés laisse largement apparaître tous les détails du tablier.

     

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    On voit que le tablier prend alors naturellement la place de cet attribut vestimentaire majeur du costume traditionnel écossais qu’est le sporran - la sacoche porte-monnaie – lui-même généralement très ornementé et donc bien visible...

     

     

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    Ce détail d’une statue récemment réalisée en mémoire de Robert Burns, le poète national écossais, lauréat de la loge Canongate Kilwinning, le montre également très bien. Même avec un habit dont les pans étaient longs en arrière, sur le devant ils étaient coupés et le tablier apparaissait ainsi sans difficulté bien qu’il fût théoriquement porté, selon la coutume écossaise, « sous la veste ».


     

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    On finit d’ailleurs par se demander si l’attachement persistant de l’Irlande et de l’Écosse – qui ont apparemment harmonisé leurs pratiques maçonniques dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle – à cet usage, ne réside pas essentiellement dans leur volonté de se démarquer à tout prix des coutumes anglaises ! Mais c’est là une autre histoire…

    Finalement, la leçon générale de cette revue de l’élégance maçonnique tient en peu de mots. Point besoin de références laborieuses à de prétendus usages opératifs. Tout délire symbolique sur le sens de l’une ou l’autre des manières de porter le tablier est également sans valeur aucune.

    La règle générale est donc très simple : un tablier est fait pour être vu !...